Soulignons le printemps

Les éditions Mémoire d’encrier vous invitent au lancement des recueils 

Manifeste Assi, de Natasha Kanapé Fontaine et

Emprunter aux oiseaux, de la poète et psychiatre Ouanessa Younsi

 

Il est bon de frapper deux grands coups aux portes du printemps pour que résonne la poésie dans nos vies...

 

lecture

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chants
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danse
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slam
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musique

 

Lancement au Bar Les Pas sages, vendredi 4 avril, 18h (951 rue Rachel Est, Montréal)

 

Née en 1984 à Québec, de cÅ“ur québécois et de nom algérien, Ouanessa Younsi est psychiatre et poète. Elle a déjà publié Prendre langue (Mémoire d’encrier, 2011). Sur son site Internet, elle écrit « L’université m’a formé comme psychiatre. La littérature me forme comme soignante. » 

Natasha Kanapé Fontaine, 23 ans, est Innue de Pessamit. Elle vit à Montréal. Poète, slameuse, peintre, comédienne et militante pour les droits autochtones, elle figure sur la liste des 10 jeunes auteurs à surveiller de Marie-Louise Arsenault, l'animatrice de Plus on est de fous, plus on lit! et a été lectrice pour le Prix de poésie Radio-Canada l'an passé. N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures (Mémoire d’encrier, 2012), son premier livre, a été bien accueilli et lui a valu le Prix de poésie des  Écrivains francophones d'Amérique.

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Manifeste Assi  de Natasha Kanapé Fontaine

 

Manifeste Assi est célébration de la Terre Innue à la manière de Joséphine Bacon. Cette puissance tellurique rappelle Terre Québec de Paul Chamberland. Le défi pour Natasha Kanapé Fontaine est de nommer sa terre, mais aussi de concilier les contraires.

 

Ma terre je la prendrai dans ma main

je la soignerai

avec un pan

ma jupe

essuiera ses larmes noires

mes cheveux ses joues creuses

je la bercerai en ses tremblements

je ne dors plus

l’endormirai sur mes genoux

et saluerai mes ancêtres de la main

avec le bégaiement

l’enfant à naître que je suis.

 

Point de vue de l’éditeur

Assi en innu veut dire Terre.

Poésie d’utilité publique que ce Manifeste qui crie d’une même voix révolution et amour. Si la parole était donnée aux peuples des Premières Nations, elle ressemblerait à Assi, terre rêvée de ces femmes et de ces hommes qui guettent dans leur chant les mots dignité, espoir et liberté.

 

Point de vue de l’auteure

Manifeste Assi est d'abord une terre de femmes. Si le manifeste est une place publique, Assi est une tribune de la vie, un chant pour ceux qui ouvrent leur esprit à son mystère. Puis, il y a les luttes environnementales. La guerre au colonialisme. Il y a mon angoisse et ma colère. Ma solitude et ma plénitude. Au-dessus du béton et de l'asphalte, la lune et le soleil qui dirigent les jours et les nuits. Le processus d'écriture a été pénible, pour moi. Tantôt doux, tantôt agressif, le livre est devenu une entité extérieure avec laquelle je devais négocier l'exorcisme et la guérison de ce qui me rongeait les entrailles. Être libre et vivant (Assi) avec lequel je passais mes nuits humides à discuter d'exil, de territoires, d'exode. J'apprenais ainsi le langage de l'amour à celui que son cÅ“ur aime, à tout un peuple, à toute une Terre, à la lutte pour l'union des Peuples et des êtres. La naissance du Manifeste Assi est une offrande au monde, et Ã  moi dans le monde. Paix, Amour et Révolution.

 


 

 

Emprunter aux oiseaux de Ouanessa Younsi

 

Comment reconstruire ce que la mémoire oublie? Comment répondre à ce diagnostic qu’est l’Alzheimer? Dans son nouveau recueil Emprunter aux oiseaux, la poète et psychiatre Ouanessa Younsi prescrit la magie et les mots à sa grand-mère, Denise. Ensemble, elles convoquent le poème pour pallier les manquements et tracer un nouvel horizon. Elles rappellent finalement le sens du mot dignité.

 

je ne suis pas folle

l’asile enfonce

ses poings d’insecte

dans ton sexe

 

qui a dit

défense de nourrir

les étoiles

 

qui a cédé

l’amour

aux cannibales

 

Point de vue de l’éditeur :

Une petite-fille accompagne sa grand-mère Denise, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Deux mondes. Deux histoires. Deux voix se rencontrent et se racontent. Le regard et la tendresse tiennent lieu de viatique. Le lien se noue à l’envers des phrases hachurées par l’aphasie. Au fil de la perte, se déploie le poème pour que les mots ne manquent jamais aux êtres et aux choses.

Point de vue de l’auteure :

Empruntant la fragilité aux oiseaux, donnant la parole à ma grand-mère, je plaide la nécessité de la poésie, qui plonge là où la science recule. La poète accompagne la tempête pour l’apprivoiser et la traduire. Oppose la présence au délire. Les camélias aux vortex. Écrit Denise avec des cerises. Lui fredonne des comptines comme on transfuse – et refuse – une petite apocalypse. Amuse Denise avec des jeux pour enfants de deux ans et moins. Mastique sa lumière qui goûte le sucre d’érable. Touche ses angoisses, papillons. La beauté sauvera le monde. La beauté sauvera Denise.