La Cour Suprême du Canada refuse d’entendre des travailleuses du sexe du Canada et de l’international

May 2, 2013

La Cour Suprême du Canada refuse d’entendre des travailleuses du sexe du Canada et de l’international

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Un des juges de la Cour Suprême du Canada, Richard Wagner, refuse d’entendre plusieurs organisations de travailleuses du sexe en rejetant leurs demandes d’intervenir dans l’appel du cas Bedford v. Canada, qui sera entendu par la Cour Suprême du Canada le 13 juin prochain.

Cette contestation judiciaire pourrait invalider certains articles de lois sur la prostitution dont les nombreux impacts ont été documentés. Ces lois affectent directement et négativement les vies et les conditions de travail des travailleuses et travailleurs du sexe, des gérant-es, de gardes de sécurité et autres tierces personnes, en plus d’affecter nos vies familiales et conjugales.

Les six groupes de travailleuses du sexe ayant appliqué pour un statut d’intervenant ont mis de l’avant des arguments afin d’appuyer le retrait des 3 sections contestées du code criminel qui criminalisent les travailleuses et travailleurs du sexe, nos clients et les personnes que nous engageons, qui nous engagent ou avec qui nous travaillons, le tout sur la base que ces lois contreviennent à nos droits à la liberté et à la sécurité.

La coalition canadienne formée des groupes communautaires POWER, Maggie’s et Stella était la seule coalition désirant intervenir en Cour Suprême qui représente des travailleuses du sexe de tous les secteurs de l’industrie du sexe, en plus de provenir de plusieurs régions du Canada. Nos voix sont essentielles pour faire comprendre l’étendu des impacts de la criminalisation tant sur les travailleuses et travailleurs du sexe de la rue, qu’envers celles et ceux qui travaillent de l’intérieur. Nous sommes aussi les mieux placé-es pour cerner et définir les impacts de la criminalisation des personnes qui nous offrent des services afin de rendre notre travail plus sécuritaire. Kara Gillies, une travailleuse du sexe membre depuis plusieurs années de l’organisme Maggie’s, fait valoir que ‘‘lorsque POWER et Maggie’s sont intervenus dans le cas Bedford au niveau de la Cour d’appel de l’Ontario, nous avons pu partager les perspectives de travailleuses du sexe et nos multiples expériences, qui autrement n’auraient pas été entendues par la Cour. C’est une honte que cette fois-ci,  la Cour, les juges et son audience ne pourront pas nous entendre.’’ 

Émilie Laliberté, directrice de l’organisme Stella et porte-parole de la coalition canadienne des travailleuses du sexe renchérit: ‘‘le refus de la Cour Suprême du Canada de prendre en compte les voix et perspectives uniques des travailleuses du sexe, dans une cause qui a des impacts majeurs sur notre sécurité, liberté et dignité, est inconcevable pour nous.’’

La coalition internationale est composée de trois organisations nationales de travailleuses et travailleurs du sexe dont Scarlet Alliance en Australie, la Rose Alliance en Suède, ainsi que le New Zealand Prostitutes Collective (NZPC). ‘‘Ensemble, nous avons une expertise importante concernant plusieurs modèles législatifs, et ce, tant pour les modèles de criminalisation que ceux de décriminalisation. Nous sommes bien positionnées pour parler des effets négatifs de toute forme de criminalisation sur la sécurité et la dignité des travailleuses et travailleurs du sexe, sur nos partenaires et nos êtres chers, nos clients et toute personne qui travaille de près avec nous’’, soutient Catherine Healy, coordonnatrice du NZPC et représentante de la coalition internationale des travailleuses du sexe. Le travail du sexe est décriminalisé en Nouvelle-Zélande depuis 2003.

Katherine Van Meyl de POWER poursuit : ‘‘les travailleuses et travailleurs du sexe sont les vrai-es expert-es de l’industrie du sexe et connaissent de près les impacts des lois criminelles sur leur sécurité et leurs droits humains. Il est extrêmement déconcertant que la Cour Suprême du Canada propose d’examiner ce cas sans l’avis d’une grande diversité des personnes directement affectées.’’

Soulignons que la Cour a également refusé d’entendre une coalition féministe pancanadienne rassemblant des groupes luttant contre la violence et qui offrent des services de première ligne aux travailleuses du sexe.

POWER, Maggie’s, Stella, Scarlet Alliance, Rose Alliance et le New Zealand Prostitutes’ Collective restons solidaires avec celles et ceux qui contesteront les lois sur la prostitution et nous poursuivons notre lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe.

Porte-parole de la coalition POWER-Maggie’s-Stella

Émilie Laliberté, 514.285.1599

stelladirection@videotron.ca

Stella est un organisme communautaire créé par et pour les travailleuses du sexe à Montréal. À Stella, nous offrons support et informations aux travailleuses du sexe afin qu’elles puissent travailler en santé, en sécurité et avec dignité.
 

POWER

Katherine Van Meyl, 613.304.7427

POWER (Prostitue of Ottawa-Gatineau Work, Educate & Resist / Prostitué-es d’Ottawa-Gatineau Travaillent, Éduquent et Résistent) est un groupe de travailleuses et travailleurs du sexe qui lutte pour les droits humains et le droit au travail des travailleuses et travailleurs du sexe et qui envisage une société qui considère le travail du sexe comme un travail légitime et où les travailleuses et travailleurs du sexe peuvent travailler sans craindre le harcèlement, la discrimination et la violence.

 

MAGGIE’S

Maggie’s est une organisation par et pour les travailleuses du sexe qui offre support et informations à Toronto avec le mandat de supporter les travailleuses du sexe pour qu’elles vivent et travaillent en sécurité et avec dignité.