Controverse autour des projets de lignes d’Hydro-Québec

Jul 16, 2017

Controverse autour des projets de lignes d’Hydro-Québec

Des groupes demandent d’urgence une rencontre avec les ministres Heurtel et Arcand et Hydro-Québec afin de dénouer l’impasse.
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Des groupes demandent d’urgence une rencontre avec les ministres Heurtel et Arcand et Hydro-Québec afin de dénouer l’impasse.

Des groupes de l’Estrie, de Dollard-des-Ormeaux, de Saint-Adolphe-d’Howard et de Lanaudière s’unissent pour demander aux ministres Arcand et Heurtel, de même qu’à la haute direction d’Hydro-Québec, une rencontre au sujet de quatre projets controversés de lignes aériennes à haute tension.

Les groupes SOS mont Hereford, BIUDDO, élus/comité aviseur de Saint-Adolphe-d’Howard et Citoyens sous Haute-Tension (CSHT) estiment que leurs craintes concernant respectivement les projets Northern Pass, Saint-Jean, Grand-Brûlé-dérivation St-Sauveur et de la Chamouchouane–Bout-de-l’Île d’Hydro-Québec sont légitimes. Ils croient par ailleurs que leurs demandes, raisonnables, permettraient d’améliorer l’acceptabilité sociale de ces projets qui font l’objet d’une contestation croissante de la part de citoyens, d’élus, ainsi que d’organismes régionaux et environnementaux en raison des menaces qu’ils posent aux paysages, à la biodiversité, de même qu’aux aires protégées.

« Nous ne sommes pas contre le développement du réseau hydroélectrique, mais comme Québécoises et Québécois, nous nous attendons à ce que notre société d’État le fasse durablement : en respectant les populations et l’environnement. Présentement, ce n’est pas le cas et nous pensons qu’il faut faire le point avec le gouvernement et Hydro-Québec », a déclaré Lynette Gilbeau, citoyenne de Dollard-des-Ormeaux.

Pour ces quatre groupes, il est impératif d’ouvrir un dialogue franc où toutes les solutions sont sur la table afin de rendre ces projets acceptables, y compris la modification des tracés, l’enfouissement et l’utilisation optimale des emprises existantes.

Dans les Laurentides, Hydro-Québec n’a pas tenu compte de la Charte des paysages, ni du schéma d’aménagement de la MRC des Pays-d’en-Haut, ni du règlement sur la protection des sommets de montagne de St-Adolphe.

« La seule façon d’en arriver à un projet acceptable serait d’enfouir une partie de la ligne, comme ce sera fait aux États-Unis pour les projets Northern Pass et Hertel-New York. Mais Hydro refuse de le faire ici, même s’ils savent que dans sa forme actuelle, le projet du Grand-Brûlé affectera de façon majeure une ressource indispensable au développement économique de la région : le paysage. Hydro-Québec a décidé de faire fi des conclusions des experts qu’elle a consultés. C’est inadmissible ! Surtout que ce projet a échappé au BAPE », affirme Denise Payette du comité aviseur de St-Adolphe.

 «  Avec Northern Pass en Estrie, Hydro-Québec refuse aux Québécois les standards environnementaux et paysagers qui prévalent aux États-Unis pour le même projet, c’est une différence de traitement inacceptable! », dénonce Mélanie Lelièvre de Corridor appalachien, membre de la coalition SOS mont Hereford. Mme Lelièvre rappelle que 100 km de la portion américaine de cette ligne seront enfouis afin de préserver les montagnes Blanches dans le New Hampshire. « Préserver l’aire protégée du mont Hereford et sa forêt ne demanderait à Hydro-Québec qu’une modification du trajet de la ligne et son enfouissement sur une quinzaine de kilomètres. C’est beaucoup moins qu’aux États-Unis, mais trop semble-t-il pour le Québec », se désole l’environnementaliste.

Les groupes rejettent par ailleurs le discours d’Hydro-Québec voulant que la bonification de ses projets actuels implique une hausse des tarifs et soit trop onéreuse pour les Québécoises et Québécois. 

« Hydro-Québec affirme que la société québécoise a fait le choix de maintenir des tarifs d’électricité le plus bas possible et que cela l’empêche d’enfouir ses lignes et de bonifier leurs tracés. À notre souvenir, jamais la population du Québec n’a consenti à des projets médiocres en échange d’économies de bouts de chandelle. Par contre, ce qu’on sait, c’est que la société québécoise s’est dotée de Chartes des paysages, de schémas d’aménagement, d’aires protégées et de lois sur le développement durable et sur la qualité de l’environnement. Hydro-Québec a le devoir de respecter ces choix », a indiqué David Arbour du groupe Citoyens sous Haute-Tension.

« On parle d’une compagnie qui a généré des bénéfices nets de 2,8 milliards de dollars en 2016. On pense qu’il y a de la marge pour l’aménagement de meilleurs projets, au bénéfice des Québécoises et Québécois, des paysages et des aires protégées », a ajouté Mélanie Lelièvre de SOS Mont Hereford.

En outre, SOS mont Hereford, BIUDDO, élus et comité aviseur de Saint-Adolphe-d’Howard et CSHT estiment que la rencontre qu’ils demandent avec Hydro-Québec, M. Arcand et M. Heurtel est l’occasion de jeter les bases d’une nouvelle relation de confiance entre la population, la société d’État et ultimement, le gouvernement. À un moment où les grands projets d’infrastructure – notamment énergétiques- demandent de plus en plus la concertation de plusieurs acteurs, ils rappellent que cette relation de confiance sera déterminante pour leur réalisation.

« Lors de l’étude sur les crédits budgétaires, Hydro-Québec a affirmé que la société d’État avait des «problèmes» avec trois ou quatre projets de ligne et que, de ce fait, ils défrayaient régulièrement la manchette. La rencontre que nous demandons est l’occasion pour Hydro de régler ces «problèmes» au lieu de chercher à les étouffer. Des solutions acceptables existent. Hydro-Québec et le gouvernement doivent les envisager avec objectivité et se remettre au diapason de la population qu’ils ont le mandat de servir», termine Monique Richard, conseillère municipale de Saint-Adolphe-d’Howard.

Pour toute demande de renseignements

BIUDDO :
Lynette Gilbeau
514-458-9562

Lynette_gilbeau@hotmail.com

Citoyens sous HauteTension (CSHT):
David Arbour
514-704-6211
communicationcsht@outlook.com

http://citoyenssoushautetension.org

Élus/ Comité aviseur de St-Adolphe d’Howard:
Denise Payette
514- 823-0952

Sarah Perreault
514-916-3389
comiteaviseurstadolphe@gmail.com

https://www.facebook.com/Projethydro/

SOS Mont Hereford :
Gabriel Marquis
Responsable des communications chez Nature Québec
581-307-8613
gabriel.marquis@naturequebec.org

http://sos-hereford.org/

 

NOTE COMPLÉMENTAIRE concernant les projets d’Hydro-Québec concernés :

Poste Saint-Jean à Dollard-Des-Ormeaux (BIUDDO) : À Dollard-Des-Ormeaux (DDO), la ligne de transport aérienne à 315kV proposée par Hydro-Québec traverserait, sur trois kilomètres, une zone urbaine densément occupée, le long du boulevard de Salaberry. Selon le projet retenu par Hydro-Québec, certaines propriétés se retrouveraient à moins de 18 mètres de la ligne, avec des impacts évidents sur l’environnement et la valeur des propriétés, ainsi que des risques potentiels sur la santé. C’est pourquoi, depuis maintenant trois ans,  des citoyens, regroupés au sein de BIUDDO (Construisez-la Sous Terre DDO), réclament l’enfouissement la ligne. Cette demande a été rejetée par Hydro-Québec pour des raisons purement économiques, mais sans que la société d’État ne fournisse de preuves de ses affirmations, notamment quant aux coûts de l’enfouissement. Le groupe BIUDDO a donc décidé d’initier des procédures en justice par une première action contre la Régie de l’Énergie, afin de se faire entendre et d’exprimer les droits des citoyens de DDO.

Chamouchouane-Bout-de-l’Île (Citoyens sous Haute-Tension) : Pour la ligne à 735 kV Chamouchouane─Bout-de-l’Île, Hydro-Québec préfère déboiser sur plus de 400 km pour installer sa ligne plutôt que de recourir à la compensation série dans les postes ou de réutiliser des corridors de lignes à 315 kV en fin de vie utile afin de minimiser les impacts environnementaux et sociaux de son projet. La solution de réutilisation de corridors de lignes en fin de vie utile avait pourtant été déclarée faisable par un ingénieur d’Hydro-Québec aux audiences du BAPE sur le projet. Le BAPE avait retenu cette solution, ainsi que celle de la compensation série dans son rapport d’enquête adressé au MDDELCC. De plus, avec l’ajout de la nouvelle ligne, les habitants de 1287 résidences le long du tracé seront exposés 20 % du temps (soit par mauvais temps) à des niveaux sonores supérieurs aux niveaux permis pour les lignes à 735 kV; ils seront exposés également aux nitrates et aux nitrites émis par ces lignes par temps humide.

Grand-Brûlé dérivation Saint-Sauveur (élus/comité aviseur de Saint-Adolphe-d’Howard): Dans les Laurentides, le projet de ligne à 120 kV Grand-Brûlé dérivation Saint-Sauveur vise à répondre à la demande en électricité d’une vaste région des Laurentides, incluant St-Jérôme et Blainville. Alors que le tracé touche sept villes/municipalités, le tiers de celui-ci et la moitié de la nouvelle emprise se trouvent à St-Adolphe où la ligne passerait en pleine zone de villégiature et devant le village. Selon l’avis d’experts indépendants, les impacts y seront majeurs et les améliorations apportées au projet depuis 2013 sur le territoire de St-Adolphe sont négligeables. Citoyens et élus de St-Adolphe demandent que la ligne soit enfouie sur une portion du tracé afin de tenir compte des particularités du territoire. Rappelons que ce projet a échappé au BAPE et que la Régie de l’énergie a refusé d’en analyser les impacts sur le plan environnemental, paysager et social.

Northern Pass (SOS mont Hereford): En Estrie, le projet Northern Pass, un projet d’exportation d’électricité vers les États de la Nouvelle-Angleterre, prévoit faire passer une ligne de transport aérienne au cœur d’une aire protégée, la forêt Hereford. Hydro-Québec refuse de contourner le mont Hereford et sa forêt et d’enfouir la ligne sur une quinzaine de kilomètres qui permettraient de sauvegarder et respecter cette aire protégée, les paysages et les communautés avoisinantes. Pourtant, au NewHampshire environ 100 km de cette ligne seront enfouis afin de préserver les milieux naturels protégés et les paysages. Le Corridor appalachien, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie, Nature Québec et le Réseau de milieux naturels protégés ont ainsi créé la coalition SOS mont Hereford afin de défendre ce legs d’une grande valeur écologique et symbolique pour les initiatives de conservation sur terre privée. Rappelons que la forêt Hereford est issue du plus grand don immobilier jamais fait au Québec.

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